Ce vendredi, je rentrais tranquillement chez moi en métro.
J’étais sur le quai, en attendant patiemment la rame suivante quand en arrive une en face sur l’autre quai. Des jeunes me font des signes. Ou plus exactement, des doigts d’honneur. Je lis sur leurs lèvres « Je vais b…r ta mère ! », « Ta mère la p…e ! ». Difficile de rester indifférent.
C’est en réfléchissant que je me dis que ce sont sans doute d’anciens élèves. Mais cela n’excuse en rien ce genre de comportement.
Et c’est là que je me souviens des paroles de ma Directrice : « Ce n’est pas toi qui es visé, c’est la fonction. »…
Autrement dit, je ne dois pas le prendre pour moi.
La fonction…
Elle a bon dos, la fonction.
Au final, donc, un enseignant doit actuellement « se laisser » insulter, se laisser manquer de respect. Parce que, dans le fond, ce n’est pas lui qui est visé, c’est la fonction.
Et tout le long du trajet de retour, je me rappelle de ce que j’ai déjà subi en quelques années de carrière. A tout ce manque de respect permanent, à ces attaques injustifiées contre moi ( enfin, pas à moi, à ma fonction ).
Je pense également à tout ce que des collègues doivent subir. Sans broncher. En restant calme.
Au fait que si nous sortons de chez nous, nous risquons de rencontrer ce genre de futurs adultes ( certains les sont déjà… ) qui, parce qu’on a fait partie d’un conseil de classe qui… nous en veut. Enfin, pas à nous. A notre fonction.
Un enseignant, actuellement, doit-il donc continuellement subir ces « à-côtés » de la fonction ? A-t-il encore le droit de sortir sans entendre des insultes, voir des gestes obscènes, … et ne rien dire ?
Bah, avec quoi je viens, moi ?
Parce que de toutes façons, ce n’est pas moi. C’est la fonction.