Plus de flexibilité pour les enseignants ?

Cela fait des années que l’on en parle : il faut revoir la formation initiale des enseignants. Parmi ce qui est souvent ( toujours ) annoncé, on insiste sur l’allongement de ladite formation, essentiellement celle des instituteurs et « régents » ( bacheliers ), qui passerait de 3 à 4 voire 5 ans.

Mon propos ici ne sera pas de discuter de l’allongement de la formation, projet pour lequel j’émets de sérieuses réserves à titre personnel.

 

Ce que j’évoque ici, c’est la future flexibilité que l’on demandera aux enseignants à l’avenir.

Actuellement, pour faire simple, un instituteur maternel peut enseigner en maternelle uniquement, un instituteur primaire en primaire, un « régent » au secondaire inférieur et un « universitaire » au secondaire supérieur.

Ces derniers jours, les projets d’un groupe de travail chargé de baliser la réforme évoquée viseraient à « adoucir les passages maternelle/primaire/secondaire ». Ainsi, selon le journal Le Soir, « l’enseignante maternelle pourrait enseigner aussi en 1 et 2e primaire. Le régent pourrait travailler aussi en 5 et 6e primaire. Quant au licencié, il pourrait enseigner aussi en 3e secondaire ». Cela permettrait de « davantage se parler « . Enfin, cela permettrait d’ « adoucir les transitions maternel/primaire, primaire/secondaire et secondaire inférieur/secondaire supérieur » qui « [déstabilisent] beaucoup d’enfants et, [sont]dès lors, génératrices de nombreux échecs. ».

 

À titre personnel, cela ne me semble pas être une bonne idée :

  • d’une part, la méthodologie de chaque niveau est loin d’être la même. Ainsi, je me vois mal, comme « régent », enseigner en fin de primaire. De plus, sans mettre en doute leurs qualités, je connais peu de « licenciés » qui se sont véritablement adaptés aux élèves du secondaire inférieur.
  • d’autre part, les contenus des cours donnés à l’école normale ( pardon, en Haute école à catégorie Pédagogique ) seraient à revoir : je vois difficilement un régent en français donner les cours de mathématiques et de sciences en sixième primaire sans une formation en la matière. Ce n’est certainement pas l’allongement de la formation initiale qui permettrait de combler ce manque – mais peut-être que je me trompe…
  • Enfin, le manque de communication entre les différents niveaux pourrait se résoudre tout seul si on donnait les moyens d’organiser concrètement les échanges – je connais d’ailleurs très peu d’initiatives en ce sens.

 

Je pointe également un autre défaut à ce qui est évoqué. Un « licencié » pourrait enseigner un troisième année du secondaire. Lorsque, par exemple, le programme du deuxième degré de français est établi sur deux ans ( soit le degré ), qu’est-ce qui empêche fondamentalement un régent d’enseigner en quatrième année ? Une fois de plus, cela n’est pas ( à ma connaissance ) envisagé. De même qu’un régent puisse enseigner au troisième degré professionnel, avec sa méthodologie qui est souvent plus adaptée aux élèves concernés ( une fois de plus, sans mettre en doute les qualités de bon nombre de mes collègues ).

 

Lorsque j’entendais des intervenants à la radio ( sur Bel RTL, vers 19h30 ) approuver ces pistes envisagées, j’estime qu’une fois de plus des personnes étrangères aux réalités de l’enseignement ( tout comme bien souvent les décideurs ! ) se permettent de donner un avis sur un monde qu’il ne connaissent qu’en tant qu’anciens élèves et que parents ( donc, pas de l’intérieur ).

 

Pourquoi enfin encore faire des réformes qui seront loin d’une part d’améliorer la qualité de l’enseignement, d’autre part de faciliter la carrière.

 

Mais peut-être que je me trompe. Peut-être qu’une fois de plus ( me diront ceux qui me connaissent ), je crie au scandale pour rien…

 

Qu’en pensez-vous ?

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